Néanmoins, la Provence, certaines bourgades italiennes sont demeurées fidèles à la céleste horloge. On y voit fréquemment s’épanouir, au pignon ensoleillé de la bastide la plus allègrement délabrée, le cercle peint à la fresque où les rayons mesurent soigneusement leur marche féerique. Et des devises profondes ou naïves, mais toujours significatives par la place qu’elles occupent et la part qu’elles prennent à une énorme vie, s’efforcent de mêler l’âme humaine à d’incompréhensibles phénomènes. « L’heure de la justice ne sonne pas aux cadrans de ce monde », dit l’inscription solaire de l’église de Tourette-sur-Loup, l’extraordinaire petit village presque africain, voisin de ma demeure, et qui semble, parmi l’éboulement des rocs et l’escalade des agaves et des figuiers de Barbarie, une Tolède en miniature, réduite aux os par le soleil. « A lumine motus. » « Je suis mue par la lumière », proclame fièrement une autre horloge rayonnante. « Amyddst ye flowres, I tell ye houres ! » « Je compte les
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LA MESURE DES HEURES