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LA MESURE DES HEURES

silence, comme s’il faisait une chose insignifiante, le parcours de nos mondes dans l’espace planétaire. À cette transcription immédiate et seule authentique des volontés du temps qui dirige les astres, notre pauvre heure humaine, qui règle nos repas et les petits mouvements de notre petite vie, acquiert une noblesse, une odeur d’infini impérieuse et directe qui rend plus vastes et plus salutaires les matinées éblouissantes de rosée et les après-midi presque immobiles du bel été sans tache.

Malheureusement, le cadran solaire qui seul savait noblement suivre la marche grave et lumineuse des heures immaculées, se fait rare et disparaît de nos jardins. On ne le rencontre plus guère que dans la cour d’honneur, aux terrasses de pierre, sur le mail, aux quinconces de quelque vieille ville, de quelque vieux château, de quelque ancien palais, où ses chiffres dorés, son disque et son style s’effacent sous la main du dieu même dont ils devaient perpétuer le culte.