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LA MESURE DES HEURES

jardin, de l’espace, recluses dans l’ampoule de verre comme le moine était reclus dans sa cellule, ne marquant, ne nommant aucune heure, les ensevelissant toutes dans le sable funèbre, tandis que les pensées désœuvrées qui veillaient sur leur chute incessante et muette s’en allaient avec elles s’ajouter à la cendre des morts.

Entre les magnifiques rives de l’été de flamme, il semble meilleur de goûter l’ardente succession des heures dans l’ordre où les marque l’astre même qui les épanche sur nos loisirs. En ces jours plus larges, plus ouverts, plus épars, je n’ai foi et ne m’attache qu’aux grandes divisions de la lumière que le soleil me nomme à l’aide de l’ombre chaude de l’un de ses rayons sur le cadran de marbre qui là, dans le jardin, près de la pièce d’eau, reflète et inscrit en