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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

sort, pour utiliser les forces, les occasions, les lois de la matière, des moyens exactement pareils à ceux dont elle use pour éclairer et ordonner ses régions insoumises et inconscientes ; qu’il n’y en pas d’autres, que nous sommes dans la vérité, que nous sommes bien à notre place et chez nous dans cet univers pétri de substances inconnues, mais dont la pensée est non pas impénétrable et hostile : mais analogue ou conforme à la nôtre.

Si la nature savait tout, si elle ne se trompait jamais, si partout, en toutes ses entreprises, elle se montrait d’emblée parfaite et infaillible, si elle révélait en toutes choses une intelligence incommensurablement supérieure à la nôtre, c’est alors qu’il y aurait lieu de craindre et de perdre courage. Nous nous sentirions la victime et la proie d’une puissance étrangère, que nous n’aurions aucun espoir de connaître ou de mesurer. Il est bien préférable de se convaincre que cette puissance, tout au moins