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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

XXVI

Mais je m’éloigne trop ; j’entendais simplement remarquer, à propos de la fleur, que la Nature, lorsqu’elle veut être belle, plaire, réjouir et se montrer heureuse, fait à peu près ce que nous ferions si nous disposions de ses trésors. Je sais qu’en parlant ainsi, je parle un peu comme cet évêque qui admirait que la Providence fît toujours passer les grands fleuves à proximité des grandes villes ; mais il est difficile d’envisager ces choses d’un autre point de vue que l’humain. Or donc, de ce point de vue, considérons que nous connaîtrions bien peu de signes, bien peu d’expressions de bonheur si nous ne connaissions pas la fleur. Pour bien juger de sa puissance d’allégresse et de beauté, il faut habiter un pays où elle règne sans partage, comme le coin de Provence, entre la Siagne