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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

ce qu’une seule fois hors de l’humanité. Mais à part le plaisir qu’on éprouve à réfuter un argument trop vaniteux et périmé, que cette question de l’intelligence personnelle des fleurs, des insectes ou des oiseaux a donc, au fond, peu d’importance ! Que l’on dise, à propos de l’Orchidée comme de l’abeille, que c’est la Nature et non point la plante ou la mouche qui calcule, combine, orne, invente et raisonne, quel intérêt cette distinction peut-elle avoir pour nous ? Une question bien plus haute et plus digne de notre attention passionnée domine ces détails. Il s’agit de saisir le caractère, la qualité, les habitudes et peut-être le but de l’intelligence générale d’où émanent tous les actes intelligents qui s’accomplissent sur cette terre. C’est à ce point de vue que l’étude des êtres, — les fourmis et les abeilles entre autres, — où se manifestent le plus nettement, hors de la forme humaine, les procédés et l’idéal de ce génie, est une des plus curieuses que l’on puisse entreprendre.