— Exactement. À la mort de M. Montessieux, quelqu’un a intercepté le testament, et, plus tard, est venu ici et a déplacé, avec des complices, les trois saules.
— Mais ce testament ne pouvait laisser prévoir l’utilité de ce déplacement, et rien ne te l’indique, à toi non plus, cette utilité ?
— Non, mais, souviens-toi de la phrase de M. Montessieux : “J’exposerai le secret de l’or quand le moment sera venu.” Cette explication n’a peut-être pas été faite, mais le voleur du testament l’a sans doute devinée, et dès lors il agissait à bon escient en transplantant les trois saules. »
Béchoux, bien que convaincu, cherchait encore des objections, et il reprit :
« Hypothèse séduisante. Mais, selon toi, qui est-ce qui aurait agi ?
— Tu connais le proverbe latin : Is fecit cui prodest. Le coupable est celui à qui l’acte profite.
— Impossible ! car, en l’occurrence, l’acte profitait à Mme Guercin, dont l’héritage s’est accru de la portion dérobée. Et tu ne vas pas nous faire croire ?… »
Raoul ne répondit pas aussitôt. Il réfléchissait, tout en épiant le visage de ses interlocuteurs, comme s’il eût voulu voir l’effet que produisait sur eux chacune de ses paroles.
À la fin, il se tourna vers Bertrande.
« Excusez-moi, madame. Je ne veux rien faire croire, comme le prétend M. Béchoux. J’enchaîne simplement les événements les uns aux autres, et je mets, dans mes déductions, le plus de rigueur et de logique possible.
— Les choses se sont sûrement passées comme vous le dites déclara Bertrande. Mais c’est en apparence seulement que l’on a travaillé pour moi. En réalité, je ne profiterai pas plus du vol commis que Catherine n’en eût profité dans le cas