soixante-huit ans, sain d’esprit et de corps, agissant selon des idées mûrement réfléchies, d’après mon droit légal et moral, je lègue à mes deux petites-filles (en priant l’une et l’autre de les laisser dans l’indivision, et d’en toucher par moitié les revenus) les terres, bien réduites, hélas ! qui entourent le domaine jadis si florissant de la Barre-y-va.
« Pour ce domaine, je le divise en deux parts inégales, qui suivent à peu près le cours de la rivière. L’une, à droite, qui comprend le manoir et tout ce qu’il contiendra à l’heure de mon décès, sera la propriété de Catherine, qui, j’en suis sûr, l’habitera et l’entretiendra comme nous avons toujours fait, elle et moi. L’autre moitié sera celle de Bertrande, qui, mariée et souvent absente, aura plaisir à posséder ici, comme pied-à-terre, l’ancien pavillon de chasse. Pour le remettre en état et pour le meubler, en même temps que pour compenser l’inégalité des deux parts, il sera prélevé sur ma succession, en faveur de Bertrande, une somme de trente-cinq mille francs, représentée par la poudre d’or que j’ai réussi à fabriquer, et dont je dirai, dans un codicille, l’emplacement exact. J’exposerai en même temps, quand le moment sera venu, le secret de cette découverte sans pareille, dont maître Bernard, seul actuellement, pourrait certifier l’authenticité, puisque je lui ai montré quelques grammes de ma poudre.
« Je connais assez mes petites-filles pour savoir qu’il n’y aura entre elles aucune difficulté dans l’observation de mes volontés. Mais l’une est mariée, l’autre se mariera, et afin de leur éviter des erreurs d’interprétation pouvant provoquer des malentendus pénibles, j’ai établi un plan topographique du domaine, lequel plan je laisse dans le tiroir de droite de mon bureau. Et je spécifie ceci de la façon la plus catégorique : la limite qui