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« Mais c’est une des enveloppes dont se servait toujours mon grand-père !

— En effet, dit maître Bernard. Moi-même, j’en ai conservé plusieurs qu’il m’envoya. Vous lirez sur celle-ci quelques lignes écrites en travers. »

Catherine lut à haute voix :

« Ceci est mon testament. Huit jours après ma mort, mon notaire, maître Bernard, l’ouvrira en mon manoir de la Barre-y-va. Il en donnera lecture à mes deux petites-filles et tiendra la main à ce que mes volontés soient respectées. »

Catherine affirma de la façon la plus formelle :

« Cette écriture est celle de mon grand-père. J’en pourrais donner vingt preuves.

— Je fais la même déclaration, dit le notaire. Par excès de scrupule, je me suis rendu hier à Rouen, et j’ai consulté un expert. Son avis est absolument conforme aux nôtres. Donc aucune hésitation. Mais, avant d’ouvrir, je dois spécifier que, plus de dix fois depuis deux ans, autant pour chercher cette pièce nécessaire à l’exploitation des fermes Montessieux dont mon client m’avait toujours chargé, que pour répondre à mon besoin de trouver ce testament, plus de dix fois, j’ai eu l’occasion de feuilleter le dossier Montessieux. Je déclare, sur mon honneur professionnel, qu’il ne contenait pas ce document.

— Cependant, maître Bernard… objecta Béchoux.

— Je dis ce qui est, monsieur. Le dossier ne contenait pas ce document.

— Alors, maître Bernard, quelqu’un l’y a introduit ?

— Je n’avance rien, et je ne nie rien, répliqua le notaire. J’énonce simplement une vérité indiscutable. D’ailleurs mes souvenirs sont corroborés par une habitude à laquelle je n’ai jamais dérogé. Aucun des testaments qui me sont remis ne prend