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« On croirait que vous souriez, dit-elle, toute surprise. Pourquoi ?

— Pour vous donner confiance. Et, vous le voyez, vous êtes plus calme, vos traits se détendent, et toute cette histoire vous paraît moins effroyable par le fait seul que je souris.

— Elle est effroyable, dit-elle, avec conviction.

— Pas tant que vous le pensez.

— Deux assassinats…

— Êtes-vous bien certaine que Dominique Vauchel ait été assassiné ?

— Ce gourdin ?… cette blessure à la tête…

— Et après ? Au risque d’ajouter à vos craintes, je vous dirai que la même tentative a eu lieu contre la mère Vauchel et que, le lendemain de mon arrivée, je l’ai découverte sous des feuilles, blessée à la tête, elle aussi, par un gourdin. Et cependant je ne suis pas bien sûr qu’il y ait eu crime.

— Mais, mon beau-frère ?… s’écria Catherine, vous ne pouvez vraiment pas nier…

— Je ne nie rien, et je n’affirme rien. Mais je doute. En tout cas ce que je sais, Catherine, et cela, vous devez en être heureuse, c’est que vous avez toute votre raison, que vos souvenirs ne vous trompent pas, et que les trois saules devraient être là où ils se trouvaient quand vous vous balanciez sur leurs branches, il y a quelques années. Tout le problème tourne autour de ces trois saules déplacés. Une fois résolu, tout le reste s’éclaircira de lui-même. Pour l’instant, amie Catherine…

— Pour l’instant ?

— Souriez. »

Elle sourit.

Elle était adorable ainsi. Il ne put s’empêcher de lui dire, dans un élan de tout son être :

« Mon Dieu, que vous êtes jolie !… et si émouvante ! Vous ne sauriez croire, chère petite amie,