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maintenant de ce que signifiaient les « trois chaules » dont elle parlait. C’était sa façon de prononcer.

— Oui ! fit Catherine, de plus en plus émue. Il s’agissait des trois saules. Et c’est un peu à cause d’eux que la malheureuse, qui n’avait déjà pas l’esprit bien solide, est devenue folle. »


VI

LA MÈRE VAUCHEL


Raoul la vit dans une telle surexcitation qu’il la ramena vers le manoir. C’était la première sortie de la jeune fille, et elle ne devait pas abuser de ses forces.

Durant deux jours, il usa de son influence sur elle pour la calmer, et pour lui montrer l’aventure sous un aspect moins tragique. Elle s’apaisait sous les yeux de Raoul. Elle se sentait à l’aise, détendue et sans force contre cette volonté bienfaisante et affectueuse. Alors il insista pour qu’elle reprît son récit, ce qu’elle commença par faire en termes plus posés.

« Évidemment, au début, tout cela n’aurait pas dû me paraître bien grave. Mais, tout de même, puisque je ne pouvais pas admettre qu’il y eût erreur de ma part, puisque ni ma sœur ni Arnold ne me contredisaient absolument, que penser de cette transplantation ? De quelle façon l’avait-on effectuée, et dans quel but ? Mais l’incident ne devait pas tarder à m’apparaître sous un autre jour, et sous un jour bien plus angoissant. En fouillant le manoir, autant par curiosité que pour