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Le lendemain, après la cérémonie funèbre qui eut lieu à l’église de Radicatel, Bertrande accompagnait à Paris, où il fut enterré, le corps de M. Guercin. Durant son absence, Catherine, prise de fièvre et fort abattue, ne quitta pas son lit. Charlotte couchait près d’elle. Raoul et Béchoux s’étaient installés dans deux chambres contiguës à la sienne. L’un et l’autre, tour à tour, étaient de faction.

L’instruction cependant continuait, mais bornée au seul assassinat de M. Guercin, Raoul ayant fait en sorte que ni le parquet ni la gendarmerie n’eussent connaissance de la tentative effectuée contre Mlle  Montessieux. On croyait simplement qu’il y avait eu une alerte nocturne, et un coup de feu motivé par la vision plus ou moins confuse d’une silhouette. Catherine demeurait donc en dehors de l’enquête. Souffrante, elle ne fut interrogée que pour la forme et répondit qu’elle ignorait tout des événements.

Béchoux, lui, s’acharnait. Comme Raoul semblait se désintéresser de l’affaire, du moins en ce qui concernait les recherches, il avait fait venir de Paris deux de ses camarades, en congé comme lui, avec lesquels il mit en œuvre, suivant l’expression de Raoul, tous les procédés du parfait détective. Le parc fut divisé en secteurs jalonnés, et chacun d’eux en sous-secteurs. Les uns après les autres, puis tous trois ensemble, les trois camarades passèrent de secteurs en sous-secteurs, interrogeant chaque motte de terre, chaque caillou et chaque brin d’herbe. Ce fut en vain. Ils ne découvrirent ni grotte, ni tunnel, ni creux suspect.

« Pas même un trou de souris, plaisantait Raoul, qui s’amusait franchement. Mais as-tu pensé aux arbres, Béchoux ? Qui sait ? Il s’y cache peut-être quelque anthropoïde meurtrier ?

— Enfin, protestait Béchoux indigné, tu te fiches donc de tout ?