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Il s’approcha de nouveau sans qu’elle protestât, lui prit la main et la serra entre les siennes. Puis il lui caressa le poignet et l’avant-bras qui était dénudé, et il eut l’impression soudaine que, s’il l’attirait contre lui, elle ne le repousserait peut-être point, tellement elle était affaiblie par l’émotion.

Un peu grisé, il le tenta, très discrètement, après avoir passé sa main derrière la taille de la jeune femme. Mais, à ce moment, l’ayant observée, il vit des yeux si effarés et un si pauvre visage, plein de détresse et de prière, qu’il interrompit son geste et prononça :

« Je vous demande pardon, madame. »

Elle dit, à voix basse :

« Non, pas madame… mademoiselle… »

Et elle continua tout de suite :

« Oui, je sais, une pareille démarche à cette heure !… il est naturel que vous vous soyez mépris.

— Oh ! absolument mépris, dit-il en plaisantant. À partir de minuit, mes idées changent du tout au tout sur les femmes, et j’en arrive à imaginer des choses absurdes, et à me conduire sans aucune délicatesse… Encore une fois, pardonnez-moi. J’ai mal agi. C’est fini ? Vous ne m’en voulez plus ?

— Non », dit-elle.

Il soupira :

« Dieu, que vous êtes délicieuse, et comme c’est dommage que vous soyez venue pour une raison qui n’est pas celle que je croyais ! Ainsi vous venez me voir comme tant de personnes venaient consulter Sherlock Holmes dans son home de Baker Street ? Alors, mademoiselle, parlez et donnez-moi toutes les explications nécessaires. Mon dévouement vous est acquis. Je vous écoute. »

Il la fit asseoir. Si rassurée qu’elle fût par la bonne humeur et la gentillesse respectueuse de