Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« À toi, Béchoux, ordonna Raoul, dégringole dans le jardin. Je m’occupe d’elle. »

À ce moment, il fut rejoint par Bertrande Guercin, et, penchés sur la jeune fille, ils eurent tout de suite l’impression qu’il n’y avait rien à craindre de grave. Elle respirait. Toute haletante encore, elle murmura :

« Il m’étranglait… il n’a pas eu le temps.

— Il vous étranglait, répéta Raoul bouleversé. Ah ! le bandit ! Et d’où venait-il ?

— Je ne sais pas… la fenêtre… je crois…

— Elle était fermée ?

— Non… jamais…

— Qui est-ce ?

— Je n’ai vu qu’une ombre. »

Elle n’en dit pas davantage. L’épouvante, la douleur l’avaient épuisée. Elle s’évanouit.


V

LES TROIS « CHAULES »


Tandis que Bertrande soignait sa sœur, Raoul se précipitait vers la fenêtre et retrouvait Béchoux suspendu sur la corniche et se cramponnant au fer du balcon.

« Eh bien, quoi ! dégringole, idiot, fit-il.

— Après ? la nuit est noire comme de l’encre. Que fera-t-on de plus, en bas ?

— Et ici ?

— D’ici, il se peut qu’on voie… »

Il avait tiré sa lanterne de poche qu’il braqua sur le jardin. Raoul en fit autant. Les deux lanternes