Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle lui parut si lasse qu’il la pressa de rester à l’écart et d’éviter, autant que possible, l’interrogatoire du juge d’instruction.

« Ne bougez pas de votre chambre, mademoiselle. Jusqu’à ce que je voie plus clair, nous devons prendre des précautions contre toute offensive imprévue.

— Vous avez des craintes, monsieur ? dit-elle, en vacillant.

— Aucune, mais je me défie toujours de ce qui est obscur et invisible. »

Il lui demanda et fit demander à Mme  Guercin l’autorisation de visiter le manoir de fond en comble. M. Arnold fut chargé de l’accompagner. Il visita le sous-sol et le rez-de-chaussée, puis monta au premier étage où toutes les chambres ouvraient sur un long corridor. Les pièces étaient petites et basses, toutes compliquées par des alcôves, des coins et recoins qui servaient de cabinets de toilette, toutes habillées encore de leurs boiseries du XVIIIe siècle, ornées de trumeaux, et meublées de chaises et de fauteuils que garnissaient des tapisseries faites à la main et défraîchies. Entre l’appartement de Bertrande et de Catherine, il y avait la cage de l’escalier.

Cet escalier conduisait à un second étage composé d’un vaste grenier qu’encombraient des tas d’ustensiles hors d’usage et que flanquaient, à droite et à gauche, des mansardes pour les domestiques, inoccupées et démeublées presque toutes. Charlotte couchait à droite, au-dessus de Catherine, M. Arnold à gauche, au-dessus de Bertrande. Toutes les fenêtres, aux deux étages, avaient vue sur le parc.

Son inspection terminée, Raoul retourna dehors. Les magistrats continuaient leur enquête, accompagnés par Béchoux. Comme ils s’en revenaient, il obliqua vers le mur où se trouvait la