« Comment diable avez-vous pu pénétrer ici ? »
Elle montra une clef, et il s’exclama :
« En vérité vous avez une clef de mon appartement ! Cela devient tout à fait amusant. »
Il était de plus en plus persuadé qu’il avait séduit à son insu la belle visiteuse et qu’elle venait à lui, comme une proie facile, avide de sensations rares et toute prête à se laisser conquérir.
Il avança donc vers elle, avec son assurance coutumière en pareil cas, résolu à ne point laisser échapper une occasion qui se présentait sous une forme aussi charmante. Mais contre toute attente, la jeune femme eut un recul et raidit ses bras d’un air effrayé :
« N’approchez pas ! je vous défends d’approcher… Vous n’avez pas le droit… »
Sa physionomie prenait une expression d’épouvante qui le déconcerta. Et puis, presque en même temps, elle se mit à rire et à pleurer, avec des mouvements convulsifs et une telle agitation qu’il lui dit doucement :
« Calmez-vous, je vous en prie… Je ne vous ferai aucun mal. Vous n’êtes pas venue ici pour me cambrioler, n’est-ce pas ? ni pour m’abattre d’un coup de revolver ? Alors pourquoi vous ferais-je du mal ? Voyons, répondez… Que voulez-vous de moi ? »
Essayant de se dominer, elle murmura :
« Vous demander secours.
— Mais ce n’est pas mon métier de secourir.
— Il paraît que si… et que tout ce que vous tentez, vous le réussissez.
— Bigre ! C’est un privilège agréable que vous m’octroyez. Et si je tente de vous prendre dans mes bras, est-ce que je réussirai ? Pensez donc, une dame, à une heure du matin, chez un monsieur… jolie comme vous êtes… séduisante… Avouez que, sans être fat, je puis m’imaginer… »