tion. Et cependant, lorsque, M. Arnold et moi, nous eûmes franchi le pont — et je vous jure, monsieur le juge d’instruction, que ni l’un ni l’autre nous ne prîmes de précaution pour le franchir — lorsque nous fûmes arrivés devant l’ouverture béante, personne n’était là, revolver au poing… personne !
— C’est, évidemment, qu’on se cachait dans la tour, fit vivement M. Vertillet.
— Je n’en doutai pas, dit Béchoux. Par précaution, je donnai l’ordre à M. Arnold et à Charlotte de veiller par-derrière, au cas où il y aurait une fenêtre ou quelque issue, et je m’agenouillai près de M. Guercin. Il agonisait, incapable de prononcer autre chose que des mots incohérents. Je défis sa cravate, son col, et entrouvris sa chemise, toute tachée de sang. À ce moment, Mme Guercin qui avait entendu la détonation me rejoignait. Son mari mourut dans ses bras. »
Il y eut une pause. Les deux magistrats échangèrent quelques paroles à voix basse. Raoul d’Avenac réfléchissait.
« Maintenant, dit Béchoux, si vous voulez m’accompagner, monsieur le juge d’instruction, je vous donnerai sur place les renseignements complémentaires. »
M. Vertillet acquiesça. Béchoux, de plus en plus gonflé d’importance, grave et solennel, montra le chemin, et ils allèrent tous jusqu’au pont, qu’un examen rapide montra plus solide qu’on ne le croyait. En réalité, s’il remuait, certaines planches, et surtout les poutres transversales, étaient en assez bon état, et on pouvait s’y aventurer sans péril.
La tour de l’ancien pigeonnier était trapue et peu élevée, avec un appareillage de cailloux noirs et de cailloux blancs disposés en damier, et des lignes de menues briques très rouges. Les trous