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arrondi. Un cadenas la tient close et deux larges verrous. M. Guercin se baisse et manipule le cadenas qui cède aussitôt, pour une cause très simple que vous constaterez tout à l’heure : un des pitons s’est desserti de la pierre où on l’avait enfoncé. Restent les deux verrous. M. Guercin manœuvre celui du haut, puis celui du bas. Il saisit la clenche et tire le battant vers lui. Et alors, brusquement, le drame ! Un coup de feu, avant qu’il ait eu le temps de se protéger par un geste du bras ou par un mouvement de recul, avant même qu’il paraisse avoir le temps de discerner qu’il y a attaque, un coup de feu brusque. M. Guercin tombe. »

Béchoux se tut. Son récit, bien débité, avec une conviction haletante qui trahissait l’effroi ressenti par lui, la veille, avait produit de l’effet. Mme Guercin pleurait. Les magistrats, intrigués, attendaient des explications. Raoul d’Avenac écoutait sans manifester ses impressions. Et, dans le silence, maître de ses auditeurs, Béchoux acheva :

« Il est hors de doute, monsieur le juge d’instruction, que le coup fut tiré de l’intérieur. De cela, vingt preuves pour une. J’en noterai deux. D’abord, l’impossibilité de se dissimuler en dehors de cet endroit, puis toute la fumée qui s’échappa de l’intérieur et qui monta par l’entrebâillement, le long du mur. Bien entendu je ne perdis pas une seule seconde à établir en moi cette certitude. Mais elle s’imposa tout de suite, et, tandis que je m’élançais, tandis que M. Arnold, me rejoignant, courait à mes côtés, suivi de près par la femme de chambre, je me disais : “L’assassin est là, derrière cette porte… et comme il est armé, j’essuierai le feu de son revolver…” Bien que je ne l’eusse pas vu, puisque le battant de la porte me cachait ce qui se passait à l’intérieur, il ne pouvait y avoir le moindre doute qui ébranlât mon absolue convic-