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« — Cependant, reprit M. Guercin, comment va-t-on de l’autre côté de la rivière ?

« — On n’y va guère, répondis-je, et il n’y a aucune raison pour que, après son bain, Mlle  Catherine ait eu l’envie de se promener, soit dans l’île, soit sur l’autre rive.

« — En effet… en effet… murmura-t-il. Mais, tout de même, je vais faire un tour par là. »

Béchoux s’interrompit de nouveau et, s’avançant jusqu’au seuil, pria M. Vertillet et le substitut de le rejoindre sur une étroite bande de ciment qui courait le long du rez-de-chaussée.

« Cette conversation eut lieu ici, monsieur le juge d’instruction. Je ne bougeai pas de cette chaise de fer que voilà, tandis que M. Guercin s’éloignait. Vous vous rendez bien compte des lieux et des distances, n’est-ce pas ? J’estime qu’une ligne droite qui irait de cette terrasse à l’entrée du pont mesurerait tout au plus quatre-vingts mètres. C’est vous dire — et vous le constatez vous-même — qu’une personne placée sur cette terrasse voit clairement tout ce qui se passe au-dessus de la première arche du pont, de même qu’au-dessus de la seconde arche qui enjambe l’autre bras de la rivière, et qu’elle aperçoit aussi nettement tout ce qui se passe à la surface de la petite île. Pas d’arbres. Pas même d’arbustes. Comme seul obstacle à la vue, la vieille tour du pigeonnier. Mais, dans la partie où le drame se produisit, c’est-à-dire devant cette tour, nous avons le droit d’affirmer que le paysage est absolument nu. Personne ne peut s’y cacher… personne, j’appuie sur ce point.

— Sauf à l’intérieur de la tour, nota M. Vertillet.

— Sauf à l’intérieur, approuva Béchoux. Mais cela, nous en causerons. En attendant, M. Guercin suit cette allée de gauche, qui contourne la pelouse, prend ce sentier mal entretenu, puisque à