vous y répondez par des sentiments qui ne s’adressent qu’à nous deux… Là-bas, au manoir, vous avez combattu pour elle et pour moi, pour notre cause commune, et il vous est impossible de nous détacher l’une de l’autre. Et il arrive que vous ne pouvez plus vous passer de l’une ni de l’autre. Or, quand on aime vraiment, il n’en est pas ainsi… Depuis le retour, vous venez nous voir chaque jour, et nous attendions, sans faux orgueil et sans jalousie, votre décision. Mais nous savons maintenant qu’il n’y aura pas de décision. Vous nous aimerez toujours l’une autant que l’autre. Alors…
— Alors ? fit Raoul, la gorge serrée.
— Alors, je viens vous dire notre décision à nous, puisque vous n’avez pas pu en prendre une, vous.
— Et cette décision ?
— C’est de partir. »
Il sursauta.
« Mais c’est absurde !… Vous n’avez pas le droit… Comment Catherine, vous voulez me quitter ?
— Il le faut.
— Mais, à aucun prix, protesta Raoul. Je ne veux pas.
— Pourquoi ne voulez-vous pas ?
— Parce que je vous aime. »
Elle lui ferma la bouche d’un geste rapide.
« Ne dites pas cela… je ne vous le permets pas. Pour m’aimer, il faudrait m’aimer plus que Bertrande, et ce n’est pas.
— Je vous jure…
— Je vous défends de parler ainsi… En admettant même que ce soit vrai, il serait trop tard.
— Il n’est pas trop tard…
— Si, puisque je suis là, et puisque je vous ai fait mon aveu… et l’aveu de Bertrande. De telles choses ne se disent que quand on est bien résolu… Adieu, mon ami. »