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l’origine, assez mince, soit que les marées l’aient dissous peu à peu et emporté on ne sait où. Mais enfin, tentons l’épreuve.

— Comment ? dit Béchoux.

— En ouvrant le tumulus.

— Mais c’est un travail de plusieurs jours. Il faut déraciner des arbres, ouvrir des tranchées, creuser, transporter des terres. Et comme nous ne pouvons demander d’aide à personne…

— C’est un travail d’une heure ou deux, trois tout au plus.

— Oh ! oh !

— Mais oui ! Si nous admettons que le tumulus a été utilisé comme coffre, nous devons admettre qu’un coffre ne se place pas dans les entrailles de la terre, mais à un endroit qui, tout en étant invisible et « insoupçonnable », soit aisément accessible. Or, en fouillant parmi les broussailles, j’ai constaté que la première assise de pierres située à un mètre du sol débordait un peu, et constituait évidemment, jadis, un étroit chemin circulaire. En outre, on se rend compte que de ce côté-ci, face au manoir, et sous d’épaisses couches de lierre, il y a une sorte de renfoncement, de rotonde qui devait abriter quelque statue de Minerve ou de Junon, dressée là à la fois comme gardienne et comme indicatrice. Prends un pic, Béchoux. J’en fais autant et, si je ne m’abuse, nous ne tarderons pas à connaître la solution du problème. »

Ils se rendirent dans la remise où l’on renfermait les ustensiles de jardinage, choisirent deux pics, et, accompagnés des jeunes femmes, gagnèrent les abords de la Butte-aux-Romains.

Des racines et des ronces, toutes mouillées encore, furent arrachées, le sentier débarrassé, la rotonde mise à découvert, et les cailloux, qui formaient le fond, attaqués.

Ce rempart démoli fit place à un autre, de tra-