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aurait voulu le faire croire M. Montessieux, ni d’une production spontanée comme il le croyait, et comme d’autres l’ont cru, mais en face d’un trésor tout simplement, un trésor qui s’écoule peu à peu, lorsque certaines conditions sont remplies. Commences-tu à comprendre, Béchoux ? »

Béchoux médita quelques secondes et répondit :

« Je n’y fiche goutte. Précise. »

Raoul sourit, regarda les deux sœurs qui l’écoutaient passionnément et précisa :

« Selon moi, il y a ce qu’on peut appeler une opération à deux temps. Premier temps : un trésor considérable est déposé à tel endroit, dans un récipient solide hermétiquement fermé. Il y reste des dizaines, des centaines d’années… jusqu’au jour où des fissures se produisent dans le récipient et où, sous l’action de forces extérieures survenant à intervalles éloignés, des parcelles du contenu s’échappent. C’est le deuxième temps. Quand cela est-il arrivé pour la première fois ? Qui recueillit pour la première fois un peu de cet or libéré ? Je l’ignore. Mais il ne me semble pas impossible qu’on puisse le savoir en étudiant les archives locales, celles des paroisses ou des familles nobles.

— Je le sais, moi, dit Catherine, en souriant.

— Est-ce vrai ? s’écria vivement Raoul d’Avenac.

— Oui. Grand-père possédait — et je crois qu’il est à Paris — un plan du domaine qui date de 1750. Or, la rivière n’y est pas désignée sous le nom de l’Aurelle. Elle s’appelait encore, en 1759, le Bec-Salé. »

Raoul triompha.

« La preuve est formelle. Ainsi il n’y a guère plus d’un siècle et demi que l’événement se produisit et que le Bec-Salé, c’est-à-dire rivière salée, devint l’Aurelle pour des motifs qui imposèrent peu à peu ce changement de nom. Depuis, ces motifs