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« Voilà, dit Raoul. Je ne me suis pas trompé. »

Béchoux, qui n’avait pas prononcé une parole, objecta :

« Pour que tu ne te sois pas trompé, il faudrait qu’il y ait de la poudre d’or. Tu as tendu tes filets, tu as repris, selon le mode où elle devait être reprise, la tentative d’Arnold et tu prétends que les éléments t’ont favorisé. Conséquence mathématique : de l’or. Où est-il cet or ? »

Raoul le persifla.

« C’est surtout ça qui t’intéresse, hein ?

— Dame ! et toi ?

— Pas moi. Mais j’admets parfaitement que tu te places à ce point de vue. »

Ils redescendirent le sentier des roches et retournèrent dans l’île à côté du pigeonnier.

Raoul avoua :

« Je ne sais pas trop comment M. Montessieux effectuait ses récoltes, ni s’il pouvait les effectuer intégralement. J’imagine d’ailleurs qu’elles durent être peu nombreuses vu la complexité des conditions nécessaires. En tout cas, il disposait certainement des moyens existant déjà, vannes, tuyaux d’écoulement, etc. et que le temps ne m’a pas permis de retrouver et de perfectionner. Tout au plus, ai-je découvert le tamis pour établir le barrage, et, dans le grenier du manoir, ce qu’on appelle une épuisette. Donne-la-moi, Béchoux. Elle est là, par terre, au pied de cet arbre. »

C’était, en effet, une épuisette avec un cercle de fer et un filet, mais un filet de métal à mailles imperceptibles comme celles du tamis.

« Béchoux, tu n’aimes pas mieux descendre dans la rivière ? Non ? Alors pêche, mon vieux, et racle le fond, tout le long du tamis de barrage.

— Du côté de la source ?

— Oui, comme si la rivière, en coulant dans sa vraie direction, avait charrié de la poudre d’or qui se fût collée au tamis. »