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se détache, le hangar s’écroule, mais Charlotte n’est pas atteinte, bien entendu. Seulement la terreur augmente ici. Les deux sœurs ne veulent plus rester. Et comme elles hésitent, nouvelle agression, un coup de feu tiré, à travers la vitre, sur Bertrande Montessieux, un coup de feu qui ne l’atteint pas, bien entendu. Le manoir est fermé. On s’installe au Havre.

— Arnold et Charlotte également, observa Béchoux.

— Et après ? ils demanderont un congé, voilà tout, un congé qui leur permettra d’être au manoir furtivement le 12, le 13 et le 14 septembre. Et j’ai tellement l’intuition, ou plutôt la conviction raisonnée que ces dates gouvernent tout, que, lorsque je vous ramène toutes deux ici, sur la convocation du notaire, il suffit pour avoir la paix que vous annonciez catégoriquement votre départ pour le 10 ou le 11 au plus tard. Dès lors, trois semaines de tranquillité. Le manoir sera vide…

« Cependant la date approche. Arnold a peur. Il a d’autant plus peur que Charlotte doit lui rapporter certaines réserves que Mme Guercin semble faire. Le départ n’est-il pas simulé ? Ne reviendra-t-on pas à l’improviste ? Je ne suis pas homme à lâcher la partie. Il le sent. Il s’inquiète. Et cette fois il agit avec moins de scrupule. Au moment de gagner la bataille, il ne recule pas devant une attaque plus grave. Et comme il épie mes promenades en barque, un soir, il fait rouler un quartier de roc sur moi… sur moi et sur ses deux patronnes qui m’accompagnent à son insu. Là vraiment, il y a attentat, et si nous échappons, c’est bien par miracle. Mais la guerre est déclarée. Je suis décidément l’ennemi. Il faut me supprimer. Arnold m’épie, ne perd pas un de mes gestes, ne craint pas de se découvrir à moitié en me lançant sur la piste de l’homme au chapeau. Et c’est alors