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de reprendre l’affaire à son début. Mais je me contenterai d’un simple résumé qui donnera aux événements leur place chronologique et leur valeur naturelle. Il y a sept ans, c’est-à-dire cinq ans avant sa mort, M. Montessieux engagea comme valet de chambre, M. Arnold, âgé de quarante ans à cette époque, et qui lui avait été recommandé par un de ses fournisseurs, lequel s’est pendu depuis, à la suite de spéculations assez louches. Arnold, intelligent, adroit, ambitieux, dut se rendre compte assez vite qu’il y aurait quelque chose à faire, un jour ou l’autre, chez un vieillard aussi mystérieux et aussi original que son patron. Il le soigna, se plia aisément à ses habitudes et à ses manies, obtint sa confiance, devint son serviteur, son garçon de laboratoire et son factotum, bref, se fit indispensable. Je retrace cette période d’après ce que vous m’avez raconté, Catherine, et vous me l’avez raconté sans trop savoir que je vous interrogeais, et au hasard de vos souvenirs. Or, ces souvenirs évoquaient souvent une certaine part de méfiance que votre grand-père gardait toujours, même avec Arnold, et même avec vous, qui étiez pourtant sa préférée, et qui ne pouviez pas songer qu’il avait des secrets et qu’il serait peut-être utile de connaître ces secrets. »

Raoul s’interrompit, constata l’attention profonde que lui prêtaient ses auditeurs et poursuivit :

« Ces secrets, ou plutôt ce secret, c’était la production de l’or. Nous le savons aujourd’hui. Mais il est de toute certitude que le domestique Arnold le savait à cette époque, puisque M. Montessieux ne s’en cachait pas absolument, et qu’il montra même à son notaire, maître Bernard, le résultat de ses recherches. Ce qu’il cachait, c’était son procédé. Et c’est cela que M. Arnold voulait à tout prix connaître. Secret de fabrication ? Il y avait