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« Ne répondez pas… ne parlez pas… Vous devez être à bout de forces. Ah ! ce que nous avons eu peur ! Nous ne comprenions pas votre disparition. Dites-nous… Mais, non, ne dites rien… reposez-vous… »

Elles se turent. Mais elles étaient l’une et l’autre dans un tel état de surexcitation qu’elles posaient de nouvelles questions, auxquelles, sur-le-champ, elles lui défendaient de répondre. Il en était de même de Béchoux, que les dangers courus par Raoul semblaient avoir complètement désorganisé. Il jetait des paroles incohérentes, et s’interrompait pour crier des ordres absurdes.

Lorsque Raoul eut bu sa tasse de thé et mangé ses biscottes, un peu réconforté, il murmura :

« On vous a envoyé un télégramme de Paris, n’est-ce pas ?

— Oui, fit Béchoux, tu nous demandais de te rejoindre par le premier train. Rendez-vous chez toi.

— Et pourquoi n’êtes-vous pas venus ?

— Moi, je voulais. Elles n’ont pas voulu.

— Pourquoi ?

— Elles se sont défiées, dit Béchoux. Elles ne croyaient pas que tu aies pu les quitter comme ça. Alors, nous avons cherché… surtout dehors, dans le bois. Et puis on était désorientés. N’étais-tu pas parti ? On ne savait pas. Et les heures filaient. On ne dormait plus.

— Tu n’as pas prévenu la gendarmerie ?

— Non.

— À la bonne heure. Et comment m’a-t-on trouvé ?

— C’est Charlotte. Ce matin, elle a crié dans la maison : « Ça remue du côté de l’ancienne serre… j’ai vu de ma fenêtre. » Alors on a couru… on a pratiqué une ouverture… »

Raoul dit tout bas :