Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

netteté encore. Mais de combien de centimètres se composait cette avance, obtenue au prix de tant de peine et par de menus mouvements du corps ?

Quant à ses liens, ils ne bougeaient pas. Seules les cordes fixées à des points d’attache, comme des amarres, se relâchaient peut-être un peu.

Vers six heures du matin, il crut reconnaître le ronflement familier de son auto. Erreur sans doute. Le bruit s’arrêta bien avant Radicatel. D’ailleurs, pourquoi l’ennemi aurait-il ramené cette voiture dont la présence aurait compromis l’effet du télégramme ?

La matinée se passa. À midi, bien qu’il n’eût perçu le roulement d’aucun véhicule, il supposa que les deux sœurs avaient quitté Radicatel dès le reçu de la dépêche, pour aller prendre le train à Lillebonne.

Contrairement à ses prévisions, vers une heure, l’horloge de l’église continuant à le renseigner régulièrement, il entendit une voix qui criait, non loin de lui :

« Raoul ! Raoul ! »

C’était la voix de Catherine.

Et la voix de Bertrande cria également :

« Raoul ! Raoul ! »

Il hurla leurs deux noms à son tour. Rien.

D’autres appels furent lancés par les deux jeunes femmes, mais ils s’éloignaient.

Et, de nouveau, le silence.