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de l’endroit où il se trouvait. Plusieurs fois, en effet, se glissant sous les débris de la serre, en quête des refuges où l’homme au chapeau pouvait se cacher, il avait remarqué ce vide situé non loin de l’entrée d’autrefois.

Donc deux espoirs de salut, par en haut à travers les briques, les cailloux, le sable et toute la ferraille écroulée ; par en bas, sur le sol même où jadis était bâtie la serre. Mais pour tenter l’évasion, il fallait se mouvoir. Et c’était là, peut-être, l’insurmontable difficulté, les cordes étant nouées de telle manière qu’au moindre effort, elles resserraient leur étreinte.

Cependant, il s’ingénia par tous les moyens à se retourner et à se faire de la place. En même temps, le cours de ses idées se poursuivait. Il imaginait toutes les phases de l’embuscade, la surveillance exercée sur tous ses actes, la façon dont il avait été repéré au faîte du mur, sous les branches de l’arbre, et la façon habile dont l’adversaire l’avait attiré dans le piège.

Chose curieuse, malgré la couverture qui l’enveloppait, et malgré le rempart que dressait autour de lui la masse accumulée, il entendait, non pas confusément, mais avec une incroyable netteté, les bruits du dehors, ou du moins tous ceux qui s’élevaient du côté de la Seine et de ce côté seulement. Ils étaient amenés, sans aucun doute, par quelque interstice qui restait ouvert entre les décombres, le long du sol, et qui formait, dans la direction de la Seine, une sorte de conduit de cheminée presque horizontal.

Ainsi, des sirènes de bateau mugirent sur le fleuve. Des trompes d’auto retentirent sur la route. L’église de Radicatel sonna onze fois, et le dernier coup n’avait pas frappé qu’il perçut les premiers ronflements d’un moteur que l’on mettait en marche et qui était le sien. Il le reconnaissait. Il l’eût reconnu entre mille.