— Il ne l’est plus, déclara-t-il, en appuyant sur les mots avec une conviction vraiment stupéfiante. Sauf sur quelques points, la vérité m’apparaît clairement.
— En ce cas, agissez.
— Je ne puis agir qu’aux dates fixées, et ce n’est qu’à ces dates qu’il me sera possible de mettre la main sur le sieur X et de vous fournir une quantité de poudre d’or. »
Il prophétisait du ton allègre d’un sorcier qui s’amuserait à intriguer et à dérouter. Et il leur proposa :
« Nous sommes aujourd’hui le 4 septembre. Vous n’avez plus que six ou sept jours. Patientez, voulez-vous ? Et, sans plus penser à toutes ces choses agaçantes, profitons de cette dernière semaine de campagne. »
Elles patientèrent. Elles avaient des heures de fièvre et d’inquiétude. Elles se querellaient parfois, sans motif apparent. Elles demeuraient, aux yeux de Raoul, incompréhensibles, fantasques et, par cela même, plus attirantes. Mais elles ne pouvaient se quitter, et surtout elles ne quittaient pas Raoul.
Aussi ces quelques jours furent-ils charmants. En attendant un combat dont elles s’évertuaient à deviner les péripéties, et tout en se demandant s’il aurait lieu avant ou après le départ, elles en arrivaient, sous l’influence de Raoul, à se détendre et à jouir délicieusement de la vie. Elles riaient de tout ce qu’il disait, légères et graves, ardentes et nonchalantes, et elles se laissaient aller vers lui avec des élans dont il goûtait toute la spontanéité.
Quelquefois, au milieu de leurs effusions amicales, il s’interrogeait gaiement et sans aller trop au fond de lui.
« Bigre, mais voilà que je les aime de plus en plus, mes belles amies. Seulement, qui des deux