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retrouverait ; c’est la terre classique des démarcations sociales. Le premier soin d’un Français qui passe de la condition la plus chétive à une autre qui l’est un peu moins est de se nuancer, d’essayer une supériorité de ton et d’allure qui fasse illusion sur son origine. La contrefaçon se reconnaît, mais on fait toujours bien de se décrotter.

Ce qui explique très naturellement l’ascendant des manières, c’est qu’elles annoncent l’une de ces choses : la fortune, la naissance ou la valeur personnelle.

Elles impliquent la connaissance des rapports sociaux, des usages, et jusqu’à un certain point, des caractères. C’est cet ensemble de choses infinies qui permettent à quelqu’un de prendre le ton, l’air, les façons qui conviennent à son caractère, à son rang, à la circonstance, à l’homme à qui il parle.

Ce sont des signes extérieurs auxquels les gens du monde se reconnaissent. Elles attirent immédiatement la considération tandis que sans elles on est traité sans conséquence. Elles permettent de se mouvoir librement dans toutes les conditions ; elles donnent, ou perfectionnent, un agent moral singulièrement efficace. — La familiarité.