Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bouton-de-Rose qui attaque déjà la question monétaire. Vous entendez, Lecardonnel, il va falloir que je passe un nouvel examen.

Georges Raymond, absorbé par ses réflexions, n’écoutait rien de ce qu’on disait.

― Vous étiez venu pour M. Karl, et justement il n’est pas là, lui dit Ecoiffier d’un ton mielleux.

― Je le verrai un autre jour, répondit Georges en laissant tomber la conversation.

― Dis-donc, bichette, faut pas parler d’argent, dit Marius Simon, tout le monde n’a pas de linge, ici.

― Et nous ne sommes pas au boulevard, ajouta brutalement Coq.

― Qu’est-ce que c’est, espèce de journaliste en serrures ? dit Bouton-de-Rose en avançant son joli museau.

― Va donc, pané ! fit Zoé-Canada qui était commune comme du pain de munition.

― Zoé !

― Qui est-ce qui va recevoir des claques ?

― Voilà ! dit Bouton-de-Rose, en souffletant légèrement Gaupin et en jetant sa serviette à la figure de Coq.

Cette scène allait dégénérer en querelle lorsque le garçon entra dans la salle à manger et cria :

― Monsieur le vicomte d’Havrecourt fait demander si M. Georges Raymond est là ?

Au mot de vicomte, un hourrah se fit entendre.

― Un vicomte ! des vicomtes ici ! Tu connais un vicomte ? Alors prête-moi cent sous, dit Léon Gaupin en tendant la main à Georges Raymond.

― Messieurs, un instant, je suis gentilhomme ! cria le marquis.

― Toi, gentilhomme ! fit Coq, montre donc tes parchemins !