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mille francs contre la remise de toutes les pièces établissant la filiation de Karl ; car il voyait venir le moment où les parties intéressées se passeraient de lui ; ne voulut pas laisser entre ses mains des pièces compromettantes pour la mémoire de Daniel Bernard, et Doubledent était trop intéressé à se taire, à cause de certaines particularités de cette affaire, pour ne pas s’exécuter fidèlement.

Hector d’Havrecourt avait quitté la France le lendemain de son duel et pris du service en Prusse où il fit un brillant avancement pendant la guerre franco-allemande ; il épousa une riche héritière l’année suivante. Incapable d’oublier son injure, il envoya alors au comte de B*** une carte ainsi conçue : « Hector d’Havrecourt, colonel dans l’armée prussienne, officier de S. Exc. le feld-maréchal de Moltke, toujours vainqueur. »

Doubledent, devenu plusieurs fois millionnaire, a été gravement compromis dans une affaire de fournitures de l’armée ; mais sa grande fortune et son audace lui ont permis de sortir sans peine de cette dernière crise. Il est aujourd’hui un de nos plus puissants capitalistes ; il s’est fait nommer membre du conseil municipal, et veut être député.

Marius Simon, complètement arrivé, vient d’être nommé membre de l’Institut. « Qui m’eût jamais dit que je serais entré dans cette cage à mouches ? » disait-il dernièrement à Cambrinus, qui a fait depuis le chemin que l’on sait.

Isabeau est encore une des étoiles de première grandeur du monde galant. L’histoire vraie du coffret, qui a été connue depuis, ne paraît pas lui avoir fait grand tort.