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poignante. Adieu ! si tu ne me revois plus, tu auras le temps de te repentir.

Et il sortit la tête haute sans se retourner. Tout le monde était troublé. Karl venait de s’évanouir.

— Courez prévenir Doubledent, qui est dans le petit café à côté, dit Ecoiffier à Lecardonnel pendant que les deux femmes jetaient les hauts cris et que le docteur Gédéon passait du vinaigre sur les tempes de Karl.

Raymond était rentré chez lui comme un homme qui n’a plus conscience de ses mouvements. Il lui semblait qu’il venait de recevoir un coup mortel dans les entrailles. Il se trouva devant sa maison sans s’en apercevoir. Son concierge, qui était à sa porte, lui remit immédiatement une lettre. Il en brisa l’enveloppe machinalement et lut ce qui suit en gros caractères :

Copie d’une lettre adressée par la comtesse de Tolna à M. le vicomte d’Havrecourt, qui conserve l’original :
« Monsieur le vicomte,

» Vous avez du recevoir une lettre signée de moi que je désavoue avec horreur. M. Georges Raymond avait caché chez moi un coffret dont j’ignorais l’existence et il l’a fait saisir par la police.

» Traité par moi comme le plus misérable des hommes et abusant de ce que mes gens étaient sortis, il m’a contrainte, le pistolet sur la gorge et sous menace de mort, d’écrire l’affreuse déclaration que vous avez reçue et que je renie comme l’expression de la plus