Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans cette entrevue avec l’oncle de Mlle de Nerval, l’agent d’affaires, à force d’habileté, parvint presque à effacer la mauvaise impression qu’il avait produite, lors de sa première démarche, sur le comte de Marcus.

Sans attaquer ouvertement le jeune avocat dont le comte de Marcus avait reçu la visite la veille, il le représenta comme un jeune homme aventureux qui s’était jeté étourdiment dans cette affaire, et dont la démarche devait être tenue pour non avenue.

Toucher ou même faire pressentir la question d’un mariage possible entre l’héritier de Daniel Bernard et Mlle de Nerval eût été une haute impertinence dans un premier entretien. Doubledent n’eut garde de commettre cette faute.

Il supplia seulement le comte de réfléchir mûrement à la situation des deux parties et de chercher un moyen terme, se déclarant tout disposé, quant à lui, à conseiller à son protégé les voies les plus conciliantes et le moins d’exigence possible.

Que pouvait penser le comte de Marcus en voyant Karl Elmerich ratifier par sa présence tout ce que disait Doubledent ? Il ne douta pas qu’une entente complète n’existât entre l’héritier et son mandataire et il les congédia poliment après leur avoir assigné un nouveau rendez-vous.

Doubledent, malgré son adresse, n’avait pu trouver le moyen de faire apparaître Mlle de Nerval, dont la présence était si nécessaire à ses desseins, et il descendait assez contrarié le splendide perron de l’hôtel avec son client, lorsqu’ils rencontrèrent Mlle de Nerval qui rentrait avec Mme de Dammartin.

Ce fut comme un éblouissement pour le jeune homme. L’impression qu’il éprouva fut si vive, que