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XLVI

MADEMOISELLE DE NERVAL.


En se rendant chez le comte de Marcus, Georges Raymond réfléchissait à l’étrangeté des événements qui s’étaient produits coup sur coup dans son existence jusqu’alors si monotone.

— Qui m’eût jamais dit, pensait-il en faisant arrêter sa voiture devant le magnifique portail de l’hôtel, que j’entrerais un jour ici, moi, pauvre hère, à titre d’ambassadeur, pour traiter de la succession d’une des plus grandes héritières de France et des plus nobles demoiselles du faubourg Saint-Germain ? Favori pendant huit jours d’une des plus belles femmes de Paris, qui se trouve être un espion ; conspirateur sans le vouloir, dépositaire d’un secret d’État, trahi par ma maîtresse et à la veille de me couper la gorge avec mon meilleur ami ; que va-t-il m’arriver dans cette maison ?

La porte cochère de l’hôtel était ouverte et laissait apercevoir le noble aspect d’une cour pavée, au fond de laquelle était un superbe perron orné d’une rampe en fer forgé du plus grand style. Georges passa devant