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cher, agent politique du ministère de l’inférieur, reporter juré de tous les cancans invraisemblables avec lesquels il découvrait les faits vrais.

Du Clocher, à son industrie principale, en joignait une autre. Connaissant à fond le personnel diplomatique, il trafiquait dans les ambassades étrangères des nouvelles qui parvenaient à sa connaissance par le canal de ses relations officieuses. C’était bien l’homme qui convenait au marquis de Saporta.

Il sut par lui l’intérêt qu’attachait le gouvernement impérial à la saisie de la correspondance échangée entre le comte de B*** et les princes de la maison de Bourbon.

Il sut la descente de la police au cercle de la rue Bergère, où l’on avait trouvé les exemplaires d’un pamphlet dont le gouvernement rattacha l’existence au complot dont il se croyait menacé de la part des anciens partis.

Il sut que le comte de B*** en était la personnalité la plus remuante ; que le vicomte d’Havrecourt, secrétaire du comte de B***, avait été l’amant de la comtesse de Tolna, et que, depuis, elle était brouillée à mort avec lui.

Il sut que le vicomte était intimement lié avec Georges Raymond, objet momentané des faveurs de la comtesse ; enfin il sut que la veille, la police, avisée du départ de d’Havrecourt pour Bruxelles, avait vainement tenté de mettre la main sur les dépêches secrètes dont on le supposait porteur.

Ces faits étant donnés, avec l’intuition des hommes d’intrigue et la déduction logique d’un esprit exercé aux combinaisons rapides, Saporta se dit : Ce qu’on n’a pas trouvé hier sur le vicomte pourrait bien être