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minable, dont je ne puis pas vous dire en ce moment tous les détails ; et je ne suis probablement pas la seule, car…

— Et, quoi donc ?…

— Écoutez, reprit-elle, c’est un secret que j’ai surpris, vous me promettes de n’en rien dire. Justement il s’agit de votre ami, le vicomte d’Havrecourt.

— Ah !

— Avant-hier, je m’étais endormie dans la pièce à côté de celle-ci, lorsque je me suis réveillée en entendant causer deux personnes. J’ai reconnu la voix de la vicomtesse et celle de M. d’Havrecourt.

— Je vous assure qu’elle viendra, disait M. d’Havrecourt. C’est une petite fille assez curieuse, et vous concevez, vu l’urgence, que si elle vient…

— Comment, dit Georges Raymond, ne pouvant s’empêcher d’écouter toutes ces choses étranges, je croyais Hector l’amant de la vicomtesse.

— Oui, mais il paraît qu’il s’agit d’un mariage. Et pour l’assurer davantage… d’une prise de possession… préalable.

Georges Raymond sentit comme un fer aigu qui lui traversait le sœur.

— Et le nom ? vous n’avez pas entendu le nom ?

— Attendez ! D’abord il a dit Blanche et puis un autre nom, un nom… comme Javal… mais je l’ai écrit sur mon calepin… maintenant je me le rappelle, c’est Nerval.

À ce dernier mot Georges s’enfuit précipitamment, laissant Raffaella stupéfaite.

— Quoi ! mademoiselle de Nerval aussi, elle que je croyais un ange de pureté ! disait Georges en sanglotant dans l’escalier. Oh ! c’est trop, mon cœur se brise.