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— Nous ne savons qu’une chose, c’est que M. le comte est dans une épouvantable colère depuis une dépêche qu’on vient de lui apporter.

Hector arriva dans l’appartement du comte de B***, à qui son approche fut aussitôt signalée. À sa vue, la comtesse devant laquelle il s’inclinait respectueusement se retira avec un visage glacial. Il s’approcha de sa sœur, la marquise de C***, qui fit un geste d’éloignement dédaigneux, et sœur Victoire lui dit en joignant les mains :

— Ah ! monsieur, vous êtes bien coupable ! que Dieu vous pardonne !

— Évidemment une bombe vient de tomber dans la maison, se dit Hector avec le plus grand sang-froid. Mais de quoi s’agit-il ? Il envisageait tout le monde avec surprise pendant que le comte de B***, plongé dans son fauteuil, le regardait approcher avec un œil foudroyant.

— Monsieur le comte, je ne comprends rien, absolument rien à ce qui se passe ici, dit Hector.

Sans répondre, de comte de B*** poussa d’un geste rapide, sur la table, la lettre qu’il venait de recevoir. Le vicomte lut :

« Monsieur le comte, votre ancien collègue et ami, serviteur dévoué d’un gouvernement contre lequel vous conspirez sans ménagement, essayera de détourner, s’il le peut, les rigueurs que vous avez attirés sur votre tête. Vous pourriez être traduit devant la justice, comme coupable de manœuvres et d’intelligences à l’étranger tendant à troubler la sûreté de l’État.

» Peut-être suffira-t-il à Sa Majesté de connaître les projets que vous formez contre son gouvernement.

» J’aurai l’honneur de vous adresser les copies de