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la même pantomime, Mme de Dammartin lui répondit : Attendez !

Pendant qu’elles se rejoignaient dans leur chambre, Hector d’Havrecourt passa dans le cabinet de M. de Marcus.

— Monsieur le comte, lui dit-il, je viens vous faire mes adieux et vous remercier des instants d’hospitalité si précieux que vous avez daigné m’accorder. J’espérais les prolonger. Mais j’ai quelques dispositions à prendre avant de partir. À présent la nuit commence à tomber, je n’ai plus à craindre d’être reconnu et suivi.

— Faites donc comme vous le voulez, dit le comte de Marcus. Mon cœur est avec vous dans la mission que vous allez remplir. Assurez l’envoyé du prince de mon profond respect et de mon inaltérable dévouement pour son auguste maître.

— Quand je reviendrai, monsieur le comte, ce sera pour vous faire mes derniers adieux, dit d’Havrecourt, qui se décida à frapper le grand coup. Je compte prendre avant un mois du service dans l’armée prussienne.

Le comte releva la tête avec surprise.

— Voilà une résolution bien prompte, monsieur, et vous la mûrirez encore. Sans doute, il est difficile à un royaliste fidèle de servir un pouvoir usurpateur comme celui qui règne en ce moment ; mais des temps meilleurs peuvent revenir. J’estime d’ailleurs qu’un Français doit se réserver pour son pays.

— Ainsi eussé-je fait, monsieur, probablement, mais j’emporte d’ici une blessure qui ne se guérirait pas en France.

— Que signifie ?… dit le comte en fixant sur lui des yeux perçants.