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Il n’y avait donc aucun inconvénient pour Hector d’Havrecourt à faire une demi-confidence au comte de Marcus ; il y trouvait l’avantage de prémunir M. de Marcus dans le cas où il verrait le comte de B***, et d’exploiter devant Mlle de Nerval le côté intéressant de sa position personnelle.

— Et vraiment vous ne vous êtes point fait de mal ? dit la jeune fille dont le teint reprenait l’animation qui avait abandonné un instant ses joues charmantes.

Le vicomte lui adressa un regard qui redoubla les roses de son visage ; car ce regard lui disait : Je suis près de vous, et je vous aime !

On imagine sans peine avec quel intérêt elle suivit les phases d’un récit qu’Hector broda de mille détails amusants. Il raconta l’escamotage du coffret, la station faite au commissariat de police, l’invitation du magistrat, qui lui offrit sa chambre à coucher comme vestiaire, la sortie hautaine qu’il avait faite au milieu des sergents de ville réunis, et d’autres détails qui excitèrent l’admiration de Mlle de Nerval, tout en lui suggérant les réflexions les plus gaies.

— La plus grande prudence vous est en effet recommandée, lui dit le comte de Marcus. Dans tous les cas, notre maison vous servira d’asile, si vous le souhaitez, jusqu’au moment de votre départ.

— J’accepte avec reconnaissance, monsieur le comte, dit d’Havrecourt, qui, changeant encore une fois de résolution, renonçait à aller chez Georges Raymond, et à reprendre le coffret avant l’heure du rendez-vous qu’ils s’étaient donné chez Magny.

Le vicomte avait songé tout de suite au parti qu’il pourrait tirer de cette rencontre fortuite, et il voulait, d’après le programme de Doubledent, et sans plus at-