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page qui s’était arrêté tout court en face du fiacre démonté.

Le vicomte leva vivement la tête ; il vit Mlle de Nerval les yeux pleins d’effroi et le comte de Marcus s’apprêtant à ouvrir la portière pour descendre de voiture.

— Je suis sain et sauf, monsieur le comte ; ne prenez pas la peine de descendre, mais j’accepterai pour quelques minutes l’hospitalité dans votre voiture, si vous voulez bien le permettre.

Et, en parlant ainsi, il se tournait vers son cocher qui, après avoir fait lui-même une chute sans danger, relevait piteusement son cheval sans pouvoir s’en prendre à personne de l’accident qui venait d’arriver.

Hector se hâta de lui mettre cinq francs dans la main, tourna le dos au rassemblement qui commençait à se former et disparut dans la voiture du comte de Marcus.

— Je vous demande mille pardons, monsieur le comte, et à vous surtout, mademoiselle, d’avoir avec si peu de façon sollicité un refuge dans votre voiture, dit Hector, pendant que les deux chevaux remontaient rapidement le faubourg, mais je n’ai pu faire autrement ; depuis hier j’essaye de cacher ma figure à tous les yeux et je tombe en plein rassemblement. Le comte de B*** ne doit pas savoir que je suis à Paris en ce moment et vous êtes la première personne qui pourriez lui apprendre que l’on m’a vu.

Le comte de Marcus était fort lié, en effet, avec le comte de B***, quoiqu’ils se vissent peu souvent ; mais ils avaient les mêmes opinions ; et, bien que le comte de Marcus ne jouât pas de rôle militant dans les salons du noble faubourg, il connaissait les projets du comte de B*** et sa correspondance avec les princes.