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part de moralité autour de ses agissements ténébreux, mais encore il se créait une foule d’auxiliaires occultes et de dévouements obscurs, qu’il savait employer à l’occasion.

C’est ainsi qu’il avait un ami dévoué à la Préfecture de police dans la personne de Ferminet, qui le défendait, comme on a pu le voir, auprès de M. Bonafous, et au besoin l’eût averti en cas de mésaventure.

Doubledent n’était pas encore sorti de son cabinet lorsqu’on lui annonça la visite d’Hector d’Havrecourt.

Après l’explication orageuse qu’il venait d’avoir avec Georges Raymond, Hector n’avait pas cru pouvoir se dispenser d’instruire immédiatement l’affreux compère de ce qui venait de se passer.

— Ah ! ah ! vous voilà, bel amoureux ? dit, sans même tourner la tête, l’agent d’affaires qui écrivait sur son bureau, le chef couvert d’une calotte grecque, qui donnait un air encore plus étrange à sa figure de marsouin.

Hector lui raconta la scène qu’il venait d’avoir avec Georges Raymond, relativement à la succession de Karl.

— Ah ça ! mons Doubledent, dit Hector qui affectait un ton dégagé afin de déguiser par certains airs de hauteur le joug déshonorant que cet homme lui faisait porter, pourquoi ne m’avez-vous pas dit plus tôt que Georges était le conseil de l’héritier Karl Elmerich dont, par parenthèse, j’entends prononcer le nom pour la première fois ?

— En affaire, on ne fait pas de narration inutile.

— Sentence qui ne vaut rien. Si j’avais su plus tôt qu’un accord avec l’héritier dépendait de Georges Raymond, je l’y aurais peut-être déjà fait consentir, ce