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sus sa tête. Tout en se servant de lui comme d’un instrument, il était prêt à s’en débarrasser s’il trouvait un avantage à conclure directement avec la famille de Marcus ; d’Havrecourt n’était entre ses mains qu’une carte dont il comptait se servir suivant les circonstances ; le malheureux vicomte n’avait en réalité pas la moindre garantie de sa bonne foi dans l’exécution de l’odieux marché qu’il avait fait avec lui.

Lorsque Doubledent, reparaissant à l’hôtel de Marcus après l’autorisation qu’il en avait reçu, eut exhibé au comte tous les papiers établissant l’identité de Karl Elmerich le père et de Daniel Bernard, l’existence d’un fils authentique et légitime du défunt, la procuration notariée de l’héritier lui donnant à lui, Doubledent, les pouvoirs les plus étendus pour traiter du sort de cette succession, — le comte de Marcus lui dit avec un suprême dégoût :

— Et quelles sont vos conditions, monsieur ?

— Ce serait plutôt à moi, monsieur le comte, à vous demander quelles peuvent être les vôtres, car Mlle de Nerval ne possède pas une épingle dans cette succession.

— Vous pourriez vous tromper, monsieur, répondit froidement le comte de Marcus, fixant son regard pénétrant sur l’agent d’affaires, une grande partie de cette fortune a été acquise en commun par les époux depuis leur mariage, et la liquidation qui serait faite, en cas de survivance d’un héritier, attribuerait probablement à Mme Daniel Bernard la moitié de cette fortune comme acquêt de communauté.

Un sourire ironique parut sur les lèvres de Doubledent.

— Nous plaiderions donc, fit-il : Monsieur le comte