Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

économies. Votre blanc-seing est encore immaculé, j’y mettrai le prix de votre rançon, quand vous serez marié avec Mlle de Nerval.

Hector ne répliqua pas. Il se soumit aux volontés de cet homme qui, sans lui faire connaître par quel lien Georges était rattaché à toute cette intrigue, le lui désigna comme un jeune homme dont il pouvait avoir besoin, et dont il devait s’emparer complètement en le lançant à fond de train dans la vie de dissipation.

On sait qu’Hector n’avait pas failli à ce programme, et, pour commencer, il avait emprunté six mille francs au jeune avocat sur le legs que lui avait fait son oncle.

Pliant sous la main de cet homme, qui était son mauvais génie, comme il était lui-même le mauvais génie de Georges Raymond, il avait, sous ses inspirations, conçu un projet dont tous les détails étaient préparés en cas de résistance de la famille de Marcus au mariage projeté. Compromettre assez gravement Mlle de Nerval pour que le mariage devînt une réparation inévitable, tel était en un mot le but que se proposait le vicomte.

Quant à Doubledent, évincé, comme on se le rappelle, lors de sa première démarche a l’hôtel de Marcus, il s’y était représenté une seconde fois, mais avec l’autorisation du comte. M. de Marcus, ayant reçu l’assignation de Doubledent, tendant à la revendication de la succession de Daniel Bernard au nom de Karl Elmerich, n’avait pas cru devoir, dans l’intérêt de sa nièce, fermer sa porte à un homme qui paraissait déterminé à l’enfoncer à coups de papier timbré si on ne l’écoutait pas.

Quoiqu’il eût fait un pacte avec d’Havrecourt, Doubledent jouait, comme on le voit, un autre jeu par des-