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amené au poste du commissariat de police le plus voisin de la station et relâché.

Deux polices, comme on l’a vu, étaient sur les traces du vicomte, celle du ministère de l’intérieur, qui n’avait rien découvert, et celle de la préfecture, qui s’était croisée avec les agents du ministère en faisant des recherches sur le compte de Doubledent.

Les recherches faites à l’égard de ce dernier avaient été provoquées par une démarche du comte de Marcus, qui était venu se plaindre au préfet de police des obsessions de l’agent d’affaires au sujet de la succession de Daniel Bernard, et avait prié ce magistrat de vouloir bien le renseigner officieusement sur la moralité de cet homme.

En se mettant sur la piste de Doubledent, on avait trouvé d’Havrecourt, que l’on savait être le secrétaire particulier du comte de B***, correspondant des princes à Paris.

Ferminet, chargé, comme on se le rappelle, par M. Bonafous de prendre des renseignements sur l’agent d’affaires, s’était dit, connaissant les relations secrètes de d’Havrecourt avec ce dernier : Avec Doubledent on doit pouvoir connaître les secrets de d’Havrecourt et peut-être arriver à mettre la main sur cette correspondance que cherche le gouvernement impérial.

Mais Ferminet se trouvait dans une situation assez bizarre pour réaliser ce projet que M. Bonafous avait approuvé. Ferminet, ainsi que le lecteur a pu le soupçonner, était l’ami intime de Doubledent. Il y avait une sorte de pacte entre ces deux hommes qui s’étaient connus dans l’adversité et se rendaient des services mutuels.