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et tiens-toi prêt au premier signal à décamper rapidement pendant que je vais parler au cocher pour détourner son attention et savoir ce que veulent ces gens-là. Fais-toi tuer plutôt que d’être pris, file ! file ! Décidément c’est à nous qu’ils en veulent ; assomme n’importe qui voudra t’arrêter, je protégerai ta fuite.

On entendit le sifflet du train, le convoi venait de partir.

— Rendez-vous demain matin, à dix heures, chez Magny ; tu demanderas le cabinet 3 ; je ne peux pas t’en dire davantage, les voilà !

Et, pour couvrir la retraite furtive de Georges Raymond, Hector sortit avec grand fracas de la voiture.

— Animal ! cria-t-il au cocher, vous venez de me faire manquer le départ du train, êtes-vous sourd ? Pourquoi restez-vous planté là, quand je vous dis d’avancer ?

— Avancez donc, puisqu’on vous le dit, fit l’officier de paix qui s’était approché avec ses hommes pendant que Georges Raymond, tournant le coin de la rue, disparaissait d’un temps de galop si rapide que ses pieds ne semblaient pas toucher terre.

L’officier de paix ni les agents n’avaient rien vu.

— Vous partez par le train d’une heure ? dit le chef des agents en regardant le vicomte de la tête aux pieds et en arrêtant ses regards sur le sac de voyage dont il était porteur.

— Oui, monsieur, répondit Hector, je pars, si toutefois cela peut vous intéresser.

— Dans tous les cas, ce ne sera pas pour aujourd’hui, car le train passe en ce moment, ajouta l’officier de paix pendant que le personnage au visage blême dont nous avons parlé, et qui n’était autre que Ferminet, approu-