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cet effet, il avait dû songer à lui faire parvenir toutes ces pièces par une personne sûre, investie de sa confiance. Ayant attaché, depuis près de deux années, le vicomte d’Havrecourt à sa maison, ayant apprécié en différentes circonstances sa dextérité, sa vigueur, ne sachant rien, d’ailleurs, de sa vie de désordre, il n’avait pas hésité à le charger de cette mission qui ne souffrait aucun retard.

Il lui avait remis un coffret de fer dans lequel étaient renfermées toutes les pièces, et que le destinataire devait ouvrir au moyen d’une double clef qui lui avait été précédemment envoyée.

Devant partir à une heure du matin, Hector d’Havrecourt était sorti de l’Opéra à onze heures, était rentré chez lui pour se mettre en tenue de voyage, et, muni d’une légère valise qui contenait le précieux dépôt dont il était chargé, il passait à minuit devant le café Napolitain pour prendre Georges Raymond, à qui il avait donné rendez-vous.

On se rappelle dans quelles dispositions d’esprit se trouvait Georges Raymond en sortant de l’Opéra. Il était tellement étourdi de la révélation d’Hector qu’il avait oublié Karl Elmerich et, quand il y songea, il ne se sentit pas le courage de revenir sur ses pas, tant il avait besoin de solitude en ce moment pour recueillir ses idées.

Hector d’Havrecourt allait épouser Mlle de Nerval, mais par quelle combinaison ? Bien que le vicomte ne lui eût rien dit encore des circonstances de ce mariage, Georges Raymond devinait assez par quels moyens ténébreux la conclusion pouvait en être obtenue.

Quelqu’abominable marché avait été passé avec Doubledent. L’agent d’affaires avait joué la partie en sautant