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val ; il y vit tout à coup entrer un visiteur qu’au premier abord il ne reconnut pas. Le nouveau venu releva la tête, Georges fut frappé au cœur.

C’était le vicomte d’Havrecourt resplendissant d’élégance et de distinction. Georges se mit à observer comme un Peau-Rouge à l’affût.

Le vicomte paraissait se confondre en amabilités auprès des deux dames, se retournant de temps en temps avec de profondes marques de déférence vers M. de Marcus. Mlle de Nerval regardait le vicomte avec des yeux si doux, lui répondait par des sourires si éblouissants que Georges Raymond sentit sa gorge se dessécher.

Que faisait donc là Hector et à quel titre connaissait-il Mlle de Nerval ?

C’est ce que nous allons savoir par une conversation qui s’engageait dix minutes après dans une loge où le vicomte entra furtivement. Cette loge était celle de la vicomtesse de Saint-Morris. Celle-ci se trouvait seule par suite du départ de Raffaella qui venait de quitter le théâtre avec Mme de Bois-Baudrant. Ces deux dames étaient devenues inséparables depuis quelques jours.

— Cela va admirablement, chère vicomtesse, dit Hector avec un élégant badinage.

— Et qu’avez-vous obtenu, mauvais sujet ?

— Un rendez-vous.

— Où ?

— Chez vous, ou, ce qui est la même chose, chez une parente, dont les appartements sont en face de la couturière chez qui elle va après-demain, accompagnée seulement d’un domestique mâle dont on se débarrassera pendant une heure ou deux.

— Et cette petite effrontée osera venir ?