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plus indifférente le diplomate espagnol, un jeune avocat qui se trouvait chez la vicomtesse l’autre jour et avec qui vous avez dansé : M. Georges Raymond, je crois.

— Georges Raymond ? dit Isabeau paraissant chercher dans ses souvenirs… pas la moindre idée de ce nom-là… Ah ! attendez, un de ces petits jeunes gens qu’on invite comme figurants dans les bals… En vérité, je serais bien embarrassée pour me le rappeler.

— On disait que vous l’aviez remarqué, chère belle.

— Fi donc ! Seriez-vous jaloux ?

— L’ai-je été de d’Havrecourt ?

— Est-ce une querelle, marquis ? Voulez-vous que je vous donne vos huit jours ? Vous savez que cet homme m’est odieux.

— Eh ! bien, comtesse, voici une charade, je vous préviens qu’elle n’est pas difficile à deviner : Une femme charmante qui déteste un homme trouve du même coup le moyen de s’en venger, d’être agréable à son gouvernement, et…

— Et ?…

— Et de recevoir un présent royal ; que fera cette femme ?

— Encore faut-il savoir ce qu’on lui demande, dit Isabeau en jouant de l’éventail.

— On vous le dira, belle comtesse ; pour le moment, la question de cabinet est posée, dit en riant le fin diplomate.

Revenons à Georges Raymond qui écoutait en ce moment d’une oreille distraite les réflexions que faisait Karl Elmerieh sur la musique française, pendant l’entr’acte. Tout à coup il aperçut, au bout de sa lorgnette,