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relle chez Mme de Saint-Morris. Qui aurait cru que ce garçon si lourd se serait formé si vite ?

— Avec quelques billets de mille francs, un ami comme d’Havrecourt et une maîtresse comme Mme de Tolna, il n’en faut pas davantage, dit avec une intention ironique Marius Simon qui savait que le marquis avait complètement échoué auprès de la belle Isabeau.

— Mais, mon cher, jamais Georges n’a été et ne sera l’amant d’Isabeau, dit le marquis d’un air plein de réticences.

— Et qu’en sais-tu ? fit Marius Simon.

— Je le sais ! appuya d’un ton particulièrement significatif le marquis, qui était vantard et qui essayait de tromper Marius, devant lequel son amour-propre avait cruellement souffert.

— Allons donc ! dit Marius qui ne croyait pas un mot de cette bonne fortune.

— C’est comme ça, mon cher ! fit le marquis en passant les pouces dans les entournures de son gilet.

— Et tu triomphes avant le portrait ?

— Avant le portrait, tu l’as dit. Mais elle est là, la comtesse, dit-il, heureux de trouver une diversion au persiflage de Marius.

— Où cela ?

— C’est bien elle, ajouta le marquis, montrant à Marius Simon une baignoire d’avant-scène dont les stores étaient levés, je l’ai parfaitement reconnue, le marquis de Saporta est derrière elle.

Le jeune homme ne se trompait pas, ec’était bien la comtesse et le marquis de Saporta qui se trouvaient dans cette loge, et il importe d’être au courant du dialogue qui s’échangeait entre ces deux personnages.

— Indiquez-moi donc, comtesse, dit de sa voix la